Rapport de visite du service de psychiatrie du centre hospitalier de Cambrai (Nord)
Observations du ministère de la santé – CH de Cambrai
SYNTHESE
En application de la loi du 30 octobre 2007 instituant le contrôle général des lieux de privation de liberté, cinq contrôleurs se sont rendus au centre hospitalier de Cambrai (Nord), le 30 novembre 2015, afin d’y examiner le fonctionnement du pôle de psychiatrie des adultes, sur la base d’une visite annoncée à la direction de l’établissement. Un rapport de constat a été adressé au directeur du centre hospitalier le 9 juin 2016, auquel il a été répondu par un courrier du 15 juin 2016 dont le présent rapport de visite tient compte.
Le centre hospitalier de Cambrai (853 lits et huit pôles cliniques, dont un de psychiatrie, qui comporte 90 lits) est installé à la sortie de la ville et présente d’emblée un fort contraste architectural, entre bâtiments flambant neufs, car récemment réhabilités, et façades (ou pavillons) singulièrement défraîchies.
Les trois unités de psychiatrie, érigées en 1983 à deux cents mètres de l’entrée principale de l’hôpital relèvent à l’évidence de cette seconde catégorie, de même que l’unité d’activités thérapeutiques (UAT) attenante.
Ces trois unités d’hébergement sont constituées d’une unité de soins intensifs en psychiatrie (USIP), d’une unité de réhabilitation psychosociale (URPS) et d’une unité des soins de l’anxiété et de la dépression (USAD), de trente lits chacune, soit quatre-vingt-dix lits au total (dont deux chambres d’isolement).
Nonobstant le parfait entretien des abords extérieurs, il s’en dégage un profond sentiment de tristesse voire d’abandon, sentiment corroboré par le ressenti général du personnel y travaillant au quotidien : « nous sommes les oubliés du centre hospitalier ».
L’intérieur des bâtiments (mobilier et immobilier) confirme cette impression, malgré l’implication et le dévouement du personnel.
Le renouvellement fréquent des cadres de santé à la tête de chaque unité se révèle significatif du malaise ambiant à cet égard.
En vérité, il apparaît qu’au terme d’une réhabilitation générale du centre hospitalier engagée en 2007 mais mal préparée et mal suivie, le programme initial n’a pu être mené à son terme, faute de financement, d’où cette situation actuelle d’hôpital à deux vitesses, dont pâtit notamment le pôle 1 de psychiatrie, considéré comme non prioritaire et victime directe de cette mauvaise gestion.
Au centre du dispositif, le patient de psychiatrie est traité au mieux en fonction des circonstances : son accueil est très attentionné au sein du service des urgences, le livret d’accueil est complet et d’une lecture agréable, les contrats de soins passés sont adaptés, le registre de la loi est remarquablement tenu et les activités proposées, intra et extra-muros, sont nombreuses, originales et diversifiées.
Il n’en reste pas moins qu’outre l’état de délabrement des bâtiments et d’usure avancée du mobilier dans un contexte global d’absence de toute programmation immobilière et donc d’incertitude quant à l’avenir, d’autres domaines restent à améliorer : l’absence d’espaces extérieurs de déambulation pour les patients en soins contraints, un recours trop systématique à l’isolement des patients difficiles pouvant être la conséquence d’effectifs de soignants réduits impactant la qualité de la prise en charge, l’absence de réflexion collégiale offrant une analyse de l’existant et des perspectives vers de nouvelles pratiques professionnelles, une cafétéria n’ouvrant qu’une heure trente par jour, une bibliothèque à renouveler, l’absence d’affichage à l’intérieur des unités de soins sur les droits du patient et les recours possibles, ou encore un mode de distribution des médicaments organisé collectivement pendant les repas, donc sans confidentialité aucune et enfin, l’absence de local de réception des familles.
En tout état de cause, la réhabilitation des bâtiments de psychiatrie, le renouvellement du mobilier, la remise à niveau des effectifs de soignants et l’aménagement d’espaces extérieurs de promenade sont indispensables à la nécessaire redynamisation de ce pôle, à la remobilisation de son personnel et au respect dû aux patients et à leurs proches, aujourd’hui négligés voire ignorés par l’institution.