Rapport de la deuxième visite du centre hospitalier de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine)
Observations du ministère de la santé – centre hospitalier de Saint-Malo (2e visite)
SYNTHÈSE
Six contrôleurs du contrôle général des lieux de privation de liberté ont effectué une visite du centre hospitalier de Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) du 5 au 9 octobre 2015. Cet établissement avait déjà été visité les 27 et 28 janvier 2009. A l’issue de la deuxième visite, les contrôleurs ont rédigé un rapport de constat qui a été communiqué le 2 août 2016 à la direction de l’établissement, laquelle a fait connaître ses observations le 7 décembre 2016.
Le centre hospitalier de Saint-Malo est le siège de la communauté hospitalière de territoire Rance-Émeraude, composée en outre des centres hospitaliers de Dinan et Cancale. La psychiatrie, qui constitue deux des neuf pôles de l’établissement hospitalier général, présente une offre de soins diversifiée, en partie décentralisée.
Le pôle de psychiatrie adultes dispose de quatre-vingt-six lits d’hospitalisation répartis sur deux unités d’admission (psychiatrie 1 et 2) de vingt-deux lits – installés sur le site principal de l’hôpital général (Broussais) – et deux unités d’hospitalisation au long cours (psychiatrie 3 et 4), respectivement de vingt-deux lits (patients chroniques) et de vingt lits (réhabilitation pour patients déficitaires), placées sur le site extérieur du Rosais.
Il dispose en outre de vingt places en hôpitaux de jour, quatre CMP/CATTP (Saint-Malo, Dinard, Dol-de-Bretagne, Combourg), dix places d’appartements communautaires et sept de placement familial. Le pôle intervient par ailleurs dans d’autres services de l’hôpital (service des urgences, unité d’intervention médico psychologique dans les services aigus, UIMP) ou dans des structures extérieures (équipes mobiles post-urgence, précarité, psycho-gériatrique ; unité sanitaire de premier niveau de la maison d’arrêt de Saint-Malo).
Le pôle de pédopsychiatrie compte neuf lits d’hospitalisation complète pour adolescents (unité fonctionnelle pour adolescents, UFA) au siège du centre hospitalier, vingt-huit places d’hôpital de jour (Dinard, Combourg, Baguer-Pican, Saint-Malo) et plusieurs centres de consultations.
Sur les 202 médecins que comptait l’établissement en 2014, treize sont affectés aux pôles de psychiatrie (huit en psychiatrie adulte représentant 5,1 ETP, cinq en pédopsychiatrie). Au moment de la visite, deux postes demeuraient vacants en psychiatrie adulte dont l’un était en voie d’être pourvu. Une politique active de recrutement menée par la direction des affaires médicales de l’établissement avec l’ARS (postes prioritaires, construction de parcours pour les médecins étrangers, mesures d’attractivité pour les praticiens hospitaliers) a permis de « contenir » ces vacances dans un contexte défavorable de la démographie de la spécialité de psychiatrie. L’ensemble du personnel non médical (soignant, administratif, social) est de 146,75 ETP pour la psychiatrie adulte et de 62,78 ETP pour la pédopsychiatrie.
L’activité du pôle de psychiatrie adulte est en constante augmentation depuis 2010 tant en hospitalisation complète (+ 5 % de journées entre 2010-2014) qu’en hôpital de jour (+ 6,5 % sur la même période) qu’en ce qui concerne les actes ambulatoires. Les unités d’admission connaissent une sur occupation chronique. En 2014, 465 patients ont été hospitalisés au sein des quatre unités ; dont 243 à la demande d’un tiers et dix à la demande du représentant de l’État.
Un certain nombre d’évolutions positives par rapport aux constats effectués lors de la première visite en 2009 doivent être signalées.
En terme de management, d’importants changements sont intervenus : le pôle de psychiatrie est désormais bien intégré au sein de l’établissement ; le personnel médical est en place (même s’il restait toujours au moment du contrôle deux postes vacants) ; les médecins sont présents dans les unités et de nombreuses réunions sont organisées. L’élaboration d’un livret d’accueil spécifique à la psychiatrie caractérise l’attention constante portée par l’établissement au secteur psychiatrique. Un véritable projet médical a été mis en œuvre, qui semble avoir mis fin au cloisonnement entre les unités qui était souligné dans le précédent rapport ; les règles de vie des unités ont été harmonisées depuis la première visite. Enfin, le projet thérapeutique des unités d’hospitalisation est bien défini et offre des activités aux patients tout au long la journée.
Cependant, le centre hospitalier ne garantit pas dans l’ensemble de ses unités des conditions d’hébergement dignes, ni le respect de la liberté d’aller et venir des patients hospitalisés.
La suroccupation des unités d’admission entraîne des situations inacceptables, comme l’installation de trois patients dans une chambre prévue pour deux ; ce qui, en outre, affecte la prise en charge thérapeutique.
Les locaux sont vétustes et inadaptés : au sein des unités psy 1 et psy 2, l’état du mobilier, des peintures et des sanitaires est fortement délabré. L’accès à la cour intérieure des unités d’admission est dangereux ; l’escalier de dix-huit marches est raide, très difficile d’usage pour des personnes en souffrance physique ou mentale et inaccessible aux personnes à mobilité réduite. En avril 2015, un patient est décédé à la suite d’une chute dans cet escalier.
Les unités de psychiatrie 1, 2 et 3 sont fermées pour l’ensemble des patients, y compris pour ceux en soins libres ; ce qui constitue une atteinte grave à la liberté d’aller et venir. Une réflexion médicale semble avoir été menée sur l’ouverture des portes. Elle s’est heurtée notamment aux risques de fugues liés à la configuration architecturale du site du Broussais qui ne dispose pas de clôture.
En dépit de conditions matérielles d’hébergement parfois indignes, les contrôleurs ont ressenti une priorité donnée par l’ensemble du personnel à l’accueil, à l’écoute et au respect des patients. En outre, le service de psychiatrie est apparu particulièrement ouvert au questionnement sur ses pratiques ainsi que sur l’amélioration de la prise en charge des patients.