Observations du ministère de la santé – CHU Henri Mondor à Créteil
Synthèse
Six contrôleurs ont effectué une visite des services de psychiatrie de l’hôpital universitaire Henri Mondor de Créteil (Val-de-Marne) du 8 au 16 janvier 2018. Cette visite était la première consacrée à cet établissement. Elle a fait l’objet d’un rapport de constat qui a été transmis à la direction de l’établissement qui a pu faire valoir ses observations qui apparaissent dans le présent rapport.
L’hôpital universitaire Henri Mondor (HUHM) est l’un des douze groupes hospitaliers de l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), troisième par la taille et la technicité. Situé sur cinq sites dans le département du Val-de-Marne, dont deux sont distants de moins de 2 km à Créteil (Henri Mondor et Albert Chenevier), il affiche une offre de soins complète, organisée en onze pôles. La psychiatrie constitue l’un d’entre eux, concentrant 25 % des moyens en psychiatrie de l’assistance publique-hôpitaux de Paris.
Le pôle de psychiatrie de l’hôpital Henri Mondor, créé en 2007, présente une double caractéristique. Tout d’abord, il s’inscrit dans une logique territoriale classique de sectorisation puisqu’il gère trois des seize secteurs de psychiatrie pour adultes du Val-de-Marne et en second lieu, le pôle remplit une fonction hospitalo-universitaire (enseignement, recherche) qui irrigue l’ensemble de ses activités, y compris celles qui sont sectorisées.
Les services intra-hospitaliers du pôle de psychiatrie sont répartis sur deux sites, très bien desservis par les transports en commun celui d’Henri Mondor et celui d’Albert Chenevier qui regroupe les cinq unités d’hospitalisation complète des trois secteurs. Ces dernières sont situées dans un même bâtiment de deux étages, construit il y a vingt ans au fond de la vaste emprise hospitalière du site. Ces structures immobilières pâtissent à l’évidence d’un entretien insuffisant notamment pour les nombreuses charpentes en bois et d’une topologie au minimum peu efficiente notamment celle des chambres d’isolement.
Quelques éléments très positifs, et une prise en charge globalement respectueuse des patients doivent modérer les remarques critiques qui seront aussi formulées.
On citera parmi ces points positifs, une vraie réflexion sur la sexualité, un comité d’éthique actif, un service « qualité » avec des évaluations des pratiques professionnelles pertinentes, un usage modéré de l’isolement et de la contention et un effort réel pour mettre en place un registre utile, effort qui cependant a besoin d’être poursuivi.
Parmi les points soulevant des interrogations, on notera d’abord la suroccupation des unités. Mal endémique de la région parisienne, cette sur occupation permanente a d’abord un effet particulièrement néfaste au niveau des urgences du site Henri Mondor, où certains patients attendent un puis deux et parfois trois jours un service d’accueil. L’attente se déroule dans une chambre mal insonorisée au sein des urgences générales et trop souvent sur un brancard avec des contentions. Le fonctionnement des unités est soumis en permanence à la « gestion des flux ». Pour remédier à la situation, on peut toujours invoquer le manque de moyens et de dotation en lits, mais on doit aussi s’interroger sur la prise en charge en amont et en aval de l’hospitalisation complète.
Ensuite la gestion des ressources humaines apparaît très problématique. Le turn-over permanent, le fort taux d’absentéisme, les discours permanents de mal-vivre à l’APHP alimentent une spirale négative aux effets délétères. De fait, il n’y aucune dynamique d’équipe dans les unités dont les soignants sont interchangeables et la mise en place d’un suivi individualisé des patients relève de l’utopie. Pire, pendant les congés scolaires, et de façon récurrente une unité de soins se retrouve fermée tout simplement par manque de personnel.
Très paradoxalement, pour un établissement hospitalier de cette importance, la prise en charge somatique des patients du pôle psychiatrie est très en-deçà de bien des établissements spécialisés et doit également être améliorée.
Au niveau des droits des patients, d’un côté l’établissement dispose d’un service administratif des soins sans consentement particulièrement compétent et pertinent qui permet d’assurer un vrai respect de la procédure et une information des patients et de leur famille exhaustive et accessible.
D’un autre côté, les restrictions apportées aux libertés des patients dans leur vie quotidienne sont singulièrement nombreuses et rigides. Leur application générale, et non justifiée par l’état clinique de chaque patient, les rend en tant que telles inacceptables. Outre qu’elles rendent l’hospitalisation particulièrement pesante pour les malades, les modalités de leur mise en œuvre font prévaloir la surveillance sur le soin dans les missions des soignants.